Un Final Rush à la hauteur du nom qu’il porte

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C’est un coup dur qu’a vécu cette nuit la flotte du Final Rush. Le démâtage survenu dans la nuit à bord de The Arch écarte brutalement du jeu l’équipage d’Armel Tripon et de Benoît Marie revenu en force, pour jouer les troubles-fêtes dans les premières lignes du classement. Après un premier acte méditerranéen qui a tenu toutes ses promesses, la bataille de l’Atlantique est lancée. Et elle bat son plein depuis hier, alors que les eaux du golfe de Cadix ont été le théâtre d’un regroupement  assez spectaculaire, avec cinq bateaux collés-serrés,  au contact et à vue des uns des autres à l’entame de leur quatrième nuit de course.
The Arch à bon port
C’est dans ce contexte de régate exacerbée, mais dans des conditions relativement clémentes (14/18 nœuds), que l’espar s’est soudainement écroulé sur le pont The Arch. Plus de peur que de mal, fort heureusement, pour les trois navigants et le reporter embarqué qui n’ont pas été blessés. Ils ont pu rapidement sécuriser leur gréement en évitant de perdre des pièces en mer. Ce vendredi matin, ils ont rallié le port de Lagos, dans le Sud du Portugal. La déception est grande, à la hauteur des espoirs qu’Armel Tripon, Benoît Marie et Loïs Berrehar qui évoluaient alors bord à bord avec le trio Leyton, pouvaient légitimement nourrir pour le dénouement de la course partie lundi matin dernier de la rade de Toulon. Cette avarie, qui prive la flotte d’un sérieux concurrent, est vécue comme une onde de choc dans les rangs serrés qui progressent le long de la péninsule ibérique. « Grosses pensées pour The Arch. Cette nouvelle fait mal au cœur. Armel et Benoit ont déployé beaucoup d’énergie, ils ont tout mis pout ce projet. J’espère qu’il vont trouver une solution pour la suite de la saison » témoigne Sam Goodchild depuis le bateau leader.
Un podium pour quatre
Ce vendredi midi, alors qu’il reste 620 milles environ à parcourir pour rallier la rade de Brest, ce match aux avant-postes se poursuit donc à quatre bateaux. Leyton pointe toujours en tête et parvient à garder ses concurrents pourtant très offensifs dans ses tableaux arrières. Mais la bataille fait rage. Le moindre mille se dispute avec une âpreté rare entre ces équipages qui peuvent tous prétendre à la victoire sur cette course créditée d’un coefficient trois dans le calcul du classement général du Pro Sailing Tour. C’est dire si chaque place vaut cher. Pas étonnant que la tension montre crescendo à mesure que cette flotte compacte progresse dans sa remontée le long des côtes du Portugal. Elle pointe ce midi à la latitude de Lisbonne, dans des vents de Nord d’une quinzaine de nœuds. Une quinzaine de milles séparent ces quatre Ocean Fifty. À bord d’Arkema 4, Quentin Vlamynck donne la mesure de l’intensité de la régate océanique qui les oppose les uns aux autres. « Hier fut la journée la plus intense depuis le départ. Nous avons cravaché tout l’après-midi pour recoller au groupe de tête… Avant de retomber dans une molle au coucher du soleil et voir s’échapper Leyton. C’est assez dur pour le moral, mais on s’accroche car la route est encore longue… » raconte ce matin le skipper du trimaran du Médoc, qui joue gros sur ce parcours.
«Le grand Rush des 24 heures ! »
Les fichiers météo sont formels, le rythme va franchement se renforcer le temps d’une remontée rapide du golfe de Gascogne, bientôt balayé par un petit système dépressionnaire générant des vents de Sud-Ouest de 20/25 noeuds. Les conditions seront donc propices pour permettre au Ocean Fifty de franchement accélérer la foulée. « En approche du cap Finisterre, les équipages qui progressent actuellement au près vont pouvoir ouvrir et choquer les écoutes. Les ETA (estimated time of arrival, ndlr), qui se précisent pour la nuit de samedi à dimanche, laissent deviner une fin de course sur un tempo très soutenu. Je pense qu’on peut s’attendre à voir le grand Rush des 24 heures », analyse Gilles Chiorri, directeur de course. De quoi augurer des arrivées rythmées et groupées. La ruée vers la rade de Brest aura bien lieu.
Ciela Village à la peine
Pour l’équipage d’Erwan Le Roux à bord de Ciela Village, le scénario prend en revanche une toute autre tournure. Victime de plusieurs longs ralentissements avant Gibraltar qu’il a doublé 11h heures après le premier, il doit désormais prendre son mal en patience. Après la traversée de la Méditerranée à laquelle il payé un lourd tribut, la remontée en Atlantique menace aussi de se révéler beaucoup plus laborieuse que pour ses prédécesseurs. D’après les derniers routages, alors qu’il risque de ne plus progresser dans le même système météo qu’eux, il pourrait en effet leur concéder un écart de plus de 36 heures, en rade de Brest. Face à la dure loi du sport et de la course au large qui créé d’impitoyables passages à niveau, tout l’enjeu à présent va être de s’accrocher et de tenter de limiter la casse…
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