Du début de course tonitruant le long des côtes varoises, des bords de portants pleine balle au large de la côte d’Azur, ne restait qu’un tout petit souffle d’air au milieu de la nuit pour contourner la première marque de parcours : La Gallinara devant la riviera italienne. A 2h43 précises, Luke Berry et son équipage sur Le Rire Médecin-Lamotte enroulait en tête le caillou, 1 mn devant Erwan Le Roux sur Koesio. Suivaient Solidaires En Peloton-ARSEP, Viabilis Océans puis Wind Of Trust. Ce matin, les 5 Ocean Fifty bord à bord quittent le golfe de Gênes cap sur la Giraglia qu’ils devraient atteindre à la mi-journée dans des conditions de vent encore légères mais néanmoins ultra tactiques. Les skippers racontent leur première partie de course sur cette première étape jusqu’à Bonifacio. Croustillant !
Luke Berry, Le Rire Médecin-Lamotte
« Nous sommes super contents du début de course avec un parcours tonique et rapide le long des côtes toutes voiles dehors ! Au portant dans de l’air, nous avancions plutôt pas mal. Et là, c’est la foirasse, il n’y a plus beaucoup de vent. Nous tentons de nous reposer pour rester frais. On a des problèmes informatiques qui ont l’air de se régler, nous n’avons pas beaucoup d’infos sur les autres. Nous avons passé Gallinara en tête, juste devant Koesio. Nous sommes très contents d’être avec les anciens de la classe. Au portant le bateau marche bien, même si nous cherchons encore les réglages au près. A bord, l’ambiance est excellente, chacun a pu dormir une heure cette nuit. Nous avons eu la pétole, avec très peu de vent et il fallait être opportuniste. Nous avons eu un peu de chance aussi. En ce moment, Il y a des éclairs, ça pète un peu de partout, la mer est de face, donc nous n’allons pas très vite. »
Christopher Pratt, Wind of Trust
« Le départ était magique mais viril pour une première ! Alors on a essayé de ne pas faire de bêtises et très vite nous nous sommes sentis à l’aise avec le bateau et la course était lancée. Nous avons assez rapidement découvert une voie d’eau via la mèche de safrans qui nous a contraint à écoper en permanence à l’intérieur du bateau jusqu’à ce que le vent se calme et que la vitesse diminue sous les 20 nœuds.
C’est un exercice génial, ce n’est pas tant le changement de support mais plutôt la découverte complète d’un nouveau bateau, d’un nouveau support, je ne savais même pas quels étaient les bouts pour les manœuvres en montant à bord à 30 mn du départ :))) Mais sinon cela reste de la course au large, de la navigation, de la stratégie, des sensations et ça, ça ne change pas !
Nous sommes en train de passer cette fameuse transition au large des côtes italiennes, Impéria plus précisément. Les premiers ont un peu pris le large en début de nuit mais on ne lâche rien la route car la route est longue et il y aura encore plein de rebondissements.
Pour l’instant nous n’avons pas mis de réel système de quart en place, nous n’avons pas trop eu le temps d’en discuter entre nous et cette étape ne s’y prête pas trop. Alors nous allons dormir à tour de rôle quand on en ressent le besoin. »
Pierre Quiroga, Viabilis Océans
« Ce fut un super début de course, avec des conditions incroyables en rade de Toulon : on a fait la Seyne -> Hyères plus vite que par la route !! A fond les ballons à plus de 23 nœuds, et le petit coup en passant à l’intérieur de la rade de Hyères était magique aussi, ça fait plaisir de gagner des places tout en passant devant la maison !
Nous avons surveillé les nuages toute la nuit, l’activité s’est éteinte mais on est tellement proche des centres d’activités qu’il est quasi impossible de faire marcher un routage avec la réalité … alors on cherche des tendances ! On est un peu dessus depuis le passage du caillou cette nuit de la Gallinara. Nous avons pris 5 milles alors qu’on était devant mais c’était très aléatoire. C’est le jeu, et puis des parties, il va y en avoir plusieurs sur cette course !
D’ailleurs ce matin les 5 bateaux sont alignés, une parfaite égalité vers la Gira !
En Méditerranée, jamais rien n’est gagné, aucune position n’est jamais verrouillée ! »
Thibaut Vauchel-Camus, Solidaires En Peloton-ARSEP
« On a eu un début de course vraiment génial, avec des pointes de vent jusqu’à 24 nœuds, et des vitesses à 32,5 nœuds, grand-voile haute, grand gennaker et J2. Il y eu un bon coup des Sudistes (Viabilis Océans) qui ont laissé Porquerolles à tribord, quand nous avons laissé l’île à bâbord. Ils connaissent le coin !
Pep (Costa) est à la navigation tandis que Quentin (Vlamynck) est aux réglages et moi à la barre. Tout le monde va bien, chacun essaie de faire des petites siestes en approche de Gallinara. Mais nous sommes dans une transition de vent du sud-ouest au nord-est. C’est une phase compliquée, nous avons eu un trou de vitesse. L’approche du caillou est lente et nous avons un peu souffert sur ce long tribord, mais on travaille. Chacun va se reposer quand on a le temps, c’est rythmé et quand on navigue à vue, on est tous le pont. Il n’y a pas trop de trafic dans le coin, mais en tout cas, on a fait un beau spectacle en début de course pour les bateaux que l’on croisait. On passait à 30 nœuds près des voiliers de croisière ! »
Audrey Ogereau, Koesio
« Ce fut un début de course pleine de balle ! Même si nous avons touché la bouée au départ, nous sommes contents de la vitesse du bateau. On a juste fait quelques petites erreurs. Nous n’avons pas beaucoup dormi, car pour atteindre l’île de La Gallinara, ce fut long et compliqué. Il n’y avait pas de vent, et il fallait être sur le pont pour tente d’avancer. Ce matin, nous sommes tous alignés, prêts pour un nouveau départ. On a retrouvé tous nos petits copains. Une autre course commence pour rejoindre le rocher de La Giraglia. Ce fut ma première nuit en mer en course ! Je peux vous dire que ça pique les yeux. Nous n’avons pas beaucoup dormi mais surtout manœuvré. Tout va bien à bord ! »